Une interview a été réalisée par le quotidien El Watan, avec le Président de la Coopérative CHOK (Bouira)
en relation avec le développement de la filière « Huile d’olive» et les
perspectives de développement de cette dernière. Nous la reproduisons
intégralement ici.
El Watan : Dans quelles conditions la Coopérative d’huile
d’olive de Kabylie (CHOK ) a-t-elle été créée ?
La Coopérative d’huile d’olive de Kabylie a été créée en 2009,
afin d’apporter des solutions aux problèmes des agriculteurs de la région. Il
faut savoir qu’en 2005 et 2006, il y a eu une surproduction d’huile d’olive et
peu de marchés pour la commercialiser. Notre production, telle qu’elle, ne peut
être exportée vers un marché étranger, car elle ne répond pas encore aux normes
internationales. Bien qu’il y ait une petite quantité aujourd’hui répondant
à ces normes, mais cela reste loin des objectifs.
A cette époque, nous étions à la Chambre d’agriculture de
Bouira, c’est là que l’idée de création d’une coopérative a germé. Afin de nous
occuper de la collecte, du conditionnement et de la mise en vente de l’huile
d’olive. D’un autre côté, c’est un appui pour l’association des oléiculteurs
pour la vulgarisation agricole, c’est-à-dire tout ce qui est lié aux techniques
de taille, de plantation, de récolte, de transport, etc.
Ce qui est vraiment aberrant et contradictoire, c’est le fait
que l’olivier donne un fruit d’excellente qualité, mais le procédé par lequel
on obtient l’huile d’olive est plein de défauts. C’est cette chaîne
déstructurée qui fait que notre huile d’olive ne réponde pas aux normes
imposées par le marché mondial, précisément par le Conseil oléicole
international (COI), qui est une importante institution internationale
basée à Madrid, dont l’Algérie est membre, ndlr.
El Watan - Justement, quels sont ces
défauts?
Selon les experts, ça s’étend sur plusieurs aspects, notamment
le fait de laisser le fruit sur l’arbre jusqu’à ce qu’il devienne noir, faire
la cueillette et laisser les olives dans des sacs, ce qui provoque des
moisissures, on laisse les olives 15 à 20 jours avant la trituration, il y a
aussi l’oxydation du fruit. Aussi, il faut savoir que l’olive prend toutes les
odeurs environnantes, ce qui fait que l’on obtient une huile avec des odeurs de
plastique ou de moisissure.
El Watan - Est-ce qu’il y a une
résistance de la part de certains agriculteurs par rapport à ces nouvelles
méthodes ?
Tout à fait. Il y a une très grande résistance, mais au sein de
la coopérative, nous tentons de les convaincre. Il y a pas moins de 3500
agriculteurs à Bouira, ils ne sont pas tous spécialisés dans la filière
oléicole, la majorité ont d’autres activités agricoles. L’oléiculture occupe
plus de 30 000 hectares des terres. A partir des années 2000, l’Etat a
subventionné quelques oliveraies, ce qui a encouragé certains agriculteurs de
se spécialiser dans la production d’huile d’olive.
El Watab- A votre avis, que faut-il
faire ?
Le grand problème de notre oléiculture, c’est le prix de l’huile
d’olive qui est excessivement élevé. Ceci, par rapport au marché international,
ainsi que nos voisins marocains et tunisiens. La consommation algérienne en
huile d’olive avoisine trois litres par habitant, c’est insuffisant !
Surtout par rapport aux Tunisiens qui sont à 12,5 litres par habitant et par
an.
Nous privilégions d’autres huiles qui coûtent 4 fois moins cher
que l’huile d’olive. Dans nos habitudes culinaires, et ce depuis l’indépendance
de notre pays, nous n’avons jamais concentré les efforts pour la consommation
d’huile d’olive. Préférant ce qu’il y avait sur les étals, déjà bien emballé et
accessible partout.
El Watan - Le marketing de l’huile d’olive
est-il essentiel ?
Absolument. En 2017, nous sommes encore à consommer l’huile
d’olive dans des bouteilles et des bidons de récupération. C’est-à-dire que le
contenant n’a même pas été fabriqué spécialement pour l’huile d’olive. La
commercialisation est anarchique et ne répond à aucune organisation. En tant
que producteurs, nous souhaitons que l’Etat intervienne avec de grands moyens,
pour maîtriser la production. Par le passé, quand il y avait les offices
oléicoles, ils récupéraient le surplus et équilibraient le marché.
Malheureusement, ils ont été dissous.
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