Industrie de l’eau embouteillée en Algérie: Brève revue.

Longtemps réduit à sa portion congrue, la consommation des eaux minérales embouteillées (Eaux minérales et eaux de source:1) s’est fortement développée en Algérie depuis le début des années 2000.

En effet, l’examen des études élaborées aussi bien par l’APAB (Association des producteurs algériens des boissons) que les données éparses disponibles aussi bien au niveau des entreprises de cette filière naissante que des Ministères chargées de son management, mettent en exergue l’accroissement spectaculaire de la consommation des eaux embouteillées en Algérie (Figure 1).

La progression de la demande pour les eaux embouteillées, déjà entamée depuis le début des années 90, est sous tendue par la synergie qui s’établit entre plusieurs facteurs: 1- l’augmentation des niveaux de revenus des ménages; 2- le développement de la restauration hors-foyer en relation avec l’accroissement de la population scolarisée, l’urbanisation des modes de vie, le développement de l’emploi féminin et l’éloignement des lieux de travail; 3- les effets de démonstration portés par les médias ; 4- le développement des pratiques de santé liées à la consommation d’eaux saines et riches en minéraux (Malades, personnes âgées, bébés...etc.) et 5- l’indisponibilité d’eau potable de qualité dans certaines régions (Périurbaines). A ces facteurs il conviendra aussi de mentionner la promulgation d’une législation particulièrement favorable à l’octroi de concessions pour l’exploitation des sources (2).

Le croisement des données issues des études développées dans le cadre du programme d’appui aux PME/PMI, cofinancé par l’Algérie et l’Union européenne en collaboration avec l’APAB, a permis de mesurer la niveau de consommation des eaux embouteillées en Algérie. La consommation annuelle est passée de 0.5 litres/habitant en 2003 à 23.7 litres en 2012 (41 % du volume des boissons consommées), avec des projections estimées à 25.3 litres à l’horizon 2015 (41 % du volume des boissons consommées). Ainsi, la croissance de la demande d’eau embouteillée a été évaluée à 5% et continuera à être entraînée par le développement des pratiques de santé liées à la consommation d’eaux saines et riches en minéraux.

La consommation s’opère dans l’ensemble des types de conditionnement (Bouteilles de 33 CL, 1L, 1.5L, 2 L, 5 Litres) mais, les bouteilles de 33 Cl et de 1 Litre sont, et de loin, les plus répandus en Algérie.

Du côté de l’offre, l’essor de la demande a suscité un mouvement important de création d’entreprises, essentiellement des PME, aussi bien dans les sous-secteurs des eaux minérales que des eaux de source, la forme juridique prédominante étant la SARL (60%). Ainsi selon le Ministère des Ressources en Eau il a été accordé environ 50 concessions d’exploitation des eaux minérales à des investisseurs dont 40 sont en activité. Ce chiffre est appelé a évolué puisqu’avant la fin de l’année 2013 il y aura plus de 60 contrats de concession pour les investisseurs.

Par ailleurs, et au regard de l’attractivité de cette filières, plusieurs opérations d’acquisition-reprise ont été enregistrées par le passé attestant de ce que ce secteur présente un véritable potentielle de croissance. C’est ainsi que les marques «Benharoun» et « Mouzaïa » ont été reprises par le groupe agroalimentaire SIM (Minoterie). « Batna » a été acquise par le groupe industriel Attia. Les entreprises d’eaux minérales « El Goléa » et « Beni Fodda » ont également été privatisées.

D’autres entreprises à l’instar de Danone ont préféré racheter des unités au secteur privé. Le groupe a acquis la société Tessala auprès du groupe de boissons Algad, avec un potentiel de 500 millions de litres par an (Marque « Hayet »). Nestlé Waters. filiale française des eaux embouteillées du groupe suisse Nestlé, a signé un accord de partenariat en Algérie avec le Groupe Boissons gazeuses des frères Zahaf BGFZ.

En définitive, à la fin de l’année 2010, l’Algérie comptait pas moins de 49 marques, soit :
- 21 marques pour les Eaux minérales naturelles : Ben Haroun, Guedila, Saida, Youkous, Djemila, Mouzaia, El Goléa, Batna, Toudja, Ifri, Messerghine, Sidi Dris, Hammamet, Mansourah, Sidi Okba, Lala Khadidja, Aghbalou, Milok, Fendjel, Sidi Yakoub et El Meniaa.
- 28 marques pour les Eaux de source : Sidi Khelifa Marhoum, Hayet, Alma, El Melez, Helouane, Oumalou, Togi, Ayris, Ovitale, Theveste, Fontaine des gazelles, Sfid, Ladjar, Star, Guerioun, Saby, Mont du Djurdjura, Nestlé, Moughel, Salha, Kniaa, Ifren, Bourached, Monts des Babors, Gaya, Ain Bouglez, Tua, Chréa et Moza.

Au total, la production d’eau minérale s’élèverait à près de 1.5 Milliards de litres en 2012. Cinq marques (Ifri, Saida, Lalla Khedidja, Guedila , Nestlé) se partagent 70 % des parts de marché.

Si la filière des eaux embouteillées présente des forces indéniables (Taille du marché, taux de rentabilité appréciable, qualité des eaux) et des opportunités réelles (Taille et croissance du marché, possibilité d’exportation et gisement important en matière de sources), celle-ci reste néanmoins marquée par des faiblesses patentes liées notamment au coût de l’emballage, la fluctuation des prix des matières premières de l’emballage (PET), le faible niveau de développement du circuit de distribution, une maitrise encore insuffisante de la sécurité sanitaire des produits. A cela il conviendra bien évidemment de rajouter les risques et les menaces de pollution des sources auxquels s’expose la filière des eaux embouteillées en Algérie. 




Notes
[1] Eaux minérales naturelles : Eau microbiologiquement saine provenant d’une nappe ou d’un gisement souterrain et qui se caractérise par sa pureté et par sa teneur spécifique en sels minéraux, oligo-éléments ou autres constituants.
[2] Eaux de source : C’est une eau d’origine exclusivement souterraine apte à la consommation humaine microbiologiquement saine et protégée contre les risques de pollution.
[3] Voir à ce titre :
- Arrêté du 26 juillet 2000 portant règlementation et exploitation des eaux minérales.
- Décret exécutif 04-196 du 15 juillet 2004 qui définit et règlemente les eaux minérales naturelles et les eaux de source.
- Arrêté interministériel du 22 janvier 2006 fixant les proportions d’élément contenus dans les eaux minérales naturelles et les eaux de sources ainsi que les conditions de leur traitement ou les adjonctions autorisées (JO N°27/2006).






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